Le dernier rapport de France Stratégies, publié en décembre 2024, souligne que la crise d’attractivité que rencontrent les trois versants de la Fonction Publique est d’une ampleur inédite.
Ainsi, dans la Fonction publique de l’Etat, 4 candidats se présentent aux concours pour un poste ouvert (ils étaient 12 il y a 20 ans) ! 15% des postes restent non pourvus après concours, dans la FPT, les 2/3 des collectivités territoriales expriment des difficultés de recrutement dans au moins un champ professionnel, et dans l’hospitalière, 70 % des lits fermés par l’AP—HP (Hôpitaux de Paris) l’ont été par manque de personnel.
La crise – selon les rapporteurs - est caractérisée « par une fragilisation de la plupart des éléments qui, matériellement ou symboliquement, attirent vers la fonction publique puis maintiennent l’intérêt pour l’un de ses métiers. Cette fragilisation s’observe désormais à tous les moments de la relation de travail : avant l’embauche, pendant le processus de recrutement, au début de la carrière et en cours de carrière ».
Elle devrait hélas de prolonger, voire s’aggraver pour certains métiers, dans les années à venir si rien n’est fait, « vu l’érosion des viviers de futurs agents publics et la concurrence accrue exercée par secteur privé pour recruter des jeunes débutants, alors que les besoins de recrutement resteront importants, notamment pour remplacer les départs en retraite », dit le rapport.
Dans la seconde partie du rapport, les auteurs analysent les sources de cette perte d’attractivité des métiers publics : une image et des valeurs moins identifiées, un équilibre fragilisé entre avantages et contraintes - réels ou perçus - du statut, une évolution des rémunérations moins favorable que celle du secteur privé, des spécificités en matière de conditions d’exercice qui s’étiolent. La Fonction publique conserve cependant bien des atouts à faire valoir pour attirer de nouveaux entrants et retenir les présents : sens des missions et utilité sociale, accès non-discriminant à des carrières ascendances, conciliation des temps...
Reconstruire son attractivité nécessite de faire connaître et reconnaître ces atouts, mais aussi - et peut-être surtout - de les conforter, en agissant conjointement sur l’ensemble des leviers identifiés : image, carrière, rémunération et conditions de travail", poursuivent les rapporteurs.
Les auteurs identifient quelques orientations de méthode pour conduire ce chantier." Il est nécessaire de construire une stratégie globale d’attractivité, associant mesures d’urgence et perspectives de moyen terme, actions sur l’ensemble de la fonction publique et déclinaisons spécifiques par versant et par métier, en associant les agents et leurs représentants pour s’appuyer sur leur aspiration à servir et leurs propositions pour reconstruire l’attractivité".
Des propositions qui rejoignent et confortent les analyses et les propositions de la FSU, qui se bat pour la revalorisation des rémunérations, la reconstruction des carrières et l’amélioration des conditions de travail.Cependant, ces propositions se heurtent aux politiques libérales mises en oeuvre depuis trop longtemps, par les gouvernements successifs, relayées par certains employeurs territoriaux.
Lire le rapport et sa synthèse
Verbatim
"Il apparaît tout d’abord essentiel d’articuler l’ensemble des leviers identifiés − image, reconnaissance, évolutions de carrière, rémunérations, qualité de l’emploi et des conditions d’exercice − pour penser cette stratégie globale, associant mesures d’urgence et perspectives de moyen terme, actions sur l’ensemble de la fonction publique et déclinaisons spécifiques par versant et par métier.
Pour rendre ces métiers à nouveau attractifs, l’action publique devra agir à la fois sur le réel et sur les perceptions, et combiner :
* un discours de revalorisation de la fonction publique, qui passe à la fois par la reconnaissance de la diversité et de la spécificité de ses versants, missions et métiers, et par celle de son sens propre, celui du service de l’intérêt général dans une société en mutation ;
* une action pour mieux faire connaître les atouts de la fonction publique, pour déconstruire les perceptions erronées et améliorer la transparence sur ses conditions d’exercice et la visibilité de
ses carrières ;
* une consolidation des atouts et éléments d’attractivité de la fonction publique : combiner la garantie de l’emploi avec des perspectives d’évolution et de progression, valoriser les possibilités de maîtrise du temps de travail et de son organisation pour répondre à la demande de conciliation des temps professionnels et personnels, renforcer la reconnaissance, y compris salariale, pour (re)donner les moyens aux agents de faire leur travail et de satisfaire leur volonté d’être utiles.
La pleine réussite de ce chantier suppose enfin d’associer les agents et leurs représentants pour s’appuyer sur leur aspiration à servir et leurs propositions pour relever ce défi"